FRUL, bonne idée?

L’idée de faire une fédération des utilisateurs du Libre dans toute la région Languedoc-Roussillon paraît être une excellente idée. C’est l’association Montpel’Libre qui lance le FRUL.

Seulement, on trouve dans le livret du Libre, distribué par Montpel’Libre, une liste de membres fondateurs du FRUL qui sont des entreprises qui font un peu de Libre seulement, ou qui n’ont pas l’air d’en faire du tout d’après ce qu’on voit sur leur site ou dont on se dit que Montpel’Libre ne les a jamais rencontrées. Alors, on peut se poser des questions.

Bien sûr, il y aura une réunion mais va-t-on pouvoir repousser hors du FRUL des entreprises qui figurent déjà comme membres fondateurs dans le Livret du Libre? Tiens, il y en a une pas piquée des vers, décrite dans article de Libre-Fan (Logiciel libre de gestion de stock et tout le bazar).

Il n’y a rien à dire contre l’idée que l’on peut gagner de l’argent en faisant du Libre mais pas n’importe comment, pas par opportunisme cru mais avec de l’éthique et de la probité.

Pour avoir sa place, non comme source de financement pour le FRUL, mais comme membre à égalité d’un LUG ou de toute association qui ne fait que du Libre (GNU/Linux et les logiciels libres) une entreprise n’a pas à bénéficier de concessions.

Il faut admettre que telle entreprise ne peut pas utiliser uniquement des logiciels libres, mais alors, elle peut rejoindre l’APRIL et ainsi soutenir le Libre. L’APRIL n’est pas une réunion d’utilisateurs du Libre obligatoirement mais de particuliers et de personnes morales qui soutiennent le Libre.

Ce FRUL, comme son nom semble l’indiquer, est la fédération de particuliers et de personnes morales qui font du Libre et seulement du Libre. Si telle association ou collectivité ou entreprise s’engage honnêtement à passer tout au Libre, et que cela lui soit possible, alors il y a une bonne raison, semble-t-il, de l’accueillir.

Soit dit en passant, je ne pense pas que certains magasins d’informatique qui font essentiellement du Micro$oft, vont faire un véritable effort pour servir une clientèle GNU/Linux. Un magasin ou une entreprise va-t-il chercher une « solution Linux », comme on dit, pour installer du GNU/Linux pour un commerce? Y a-t-il dans la région une société en logiciels libres qui est capable de faire cela?

La deuxième réticence qu’il est possible d’éprouver est le choix des entreprises qui affichent qu’elles font du Libre. Faire du fric avec le Libre, comme certains commerçants font du fric avec le Bio sans rien y connaître et sans engagement moral, ce n’est pas acceptable dans une fédération autour du Libre.

Quelle est la place des entreprises dans le FRUL? Source d’argent quand les subventions des collectivités publiques risquent de faire défaut? Et quel avantage pour les entreprises? Se faire de la pub gratos et prendre des airs avantageux de « Libriste »?

Et enfin, parmi les autres personnes morales inscrites comme fondateurs, une médiathèque ou un espace multimédia, vont-elles vraiment abandonner leurs logiciels propriétaires, même si certains sont parfaitement inutiles pour le public? (à quoi sert M$Word, ou Photoshop d’Apple pour le grand public?)

Dans une fédération autour du Libre, nous avons besoin que les gens croient au Libre, non pas parce que ça marche mais parce que c’est Libre. Je ne vois pas pourquoi on traite Richard Stallman d’intégriste, quand il dit que les seules valeurs des logiciels libres, c’est la liberté, l’égalité et la fraternité. Cette liberté n’est pas celle d’escroquer les autres ni de singer le Libre parce que le Libre est un filon pour gagner du fric. Ce n’est pas non plus celle d’exploiter la communauté en lui laissant le soin d’améliorer le logiciel qu’on a pondu et qui, il y a une bonne chance, réinvente la roue.

Si vous ne connaissez pas Richard Stallman, jetez un œil au Glo(u)ssaire II – les systèmes (OS) et Intégristes, Ayatollahs du Libre.

Les logiciels libres ont une valeur qui prime sur toutes autres qualités: c’est leur valeur morale.

Les membres fondateurs d’un FRUL devraient être des LUGs et assoc’ d’utilisateurs du Libre et ce sont elles qui devraient décider des statuts et des conditions d’entrée des collectivités et entreprises, ou autres associations qui font bien autre chose que du Libre. Et il faudrait d’abord rencontrer une entreprise avant de l’admettre.

Bref, l’impression est que les jeux sont faits: le site du FRUL est en ligne avec son nom et son logo des activités existantes sont déjà incorporées dans le FRUL, les membres fondateurs sont déjà nommés. «Bon vote», nous dit un organisateur. Ah oui? Si vous n’êtes pas d’accord vous serez en minorité et donc c’est la porte ou s’écraser. Nous préférons rester dans notre cambrousse et dans notre isolement.

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